Programme « La place du droit dans les mobilisations » 16 mars-8 avril 2021

Bâillonnement de l’action militante, recours contre l’inaction de l’État ou simple allergie de la justice à la science : quels enjeux se cachent derrière ces constats ? Quels outils juridiques sont disponibles pour l’action militante ? Qu’a-t-on à gagner ou à perdre sur le terrain juridique ?

Le monde militant tout autant que celui de la recherche se trouvent de plus en plus confrontés à des questions ayant trait au droit. Parfois même s’opère une bascule de ces activités sur le terrain judiciaire, qu’il s’agisse d’attaques contre des individus et collectifs dans le but de les museler ou de l’entrée de plus en plus fréquente de débats scientifiques dans les procès. Mais la place du droit tend aussi à évoluer, puisque les mouvements revendicatifs commencent à s’emparer de ces outils contentieux pour faire valoir certains droits ou certains principes que la loi ne prend pas ou mal en compte.

Ce cycle de webinaires s’inscrit dans le cadre du projet « Sciences – Sociétés – Démocratie », porté par l’AITEC, Global Chance, l’IPAM et Sciences Citoyennes, à travers lequel nous cherchons à comprendre les relations entre les mouvements sociaux et le monde de la recherche, afin d’outiller les convergences et synergies entre ces mondes parfois cloisonnés.

L’objectif de ce cycle est d’échanger sur des outils, des expériences, des méthodes, des moyens permettant de faciliter les actions des mouvements sociaux et environnementaux à travers l’alliance avec des chercheurs engagés. Le partage des expériences passées contribuerait ainsi à la constitution d’un arsenal juridique dans lequel les militants et militantes d’aujourd’hui et de demain viendront piocher.Le lien d’inscription est disponible en dessous du descriptif de chaque session.


Session 1 : La science s’invite au tribunal
Mardi 16 Mars 2021 de 10h à 13h

  • La cause de l’environnement devant les tribunaux

– Notre affaire à tous et « l’arme du droit » : Le combat d’une ONG pour la justice climatiqueChristel Cournil (Professeur de droit, Notre affaire à tous)
– La question de la séparation des pouvoirsMarie Angèle Hermitte (DR au CNRS-EHESS)

  • Le rôle de l’expert scientifique dans les procédures juridiques 

– L’expertise en génétique humaine au tribunal : quelques leçons de témoignagesCatherine Bourgain (Généticienne et sociologue)
– Le lien entre les mobilisations citoyennes, l’expertise scientifique et les combats juridiques, exemple des OGMGuy Kastler (Confédération paysanne)


Session 2 : Quand l’action est à la frontière du droit
Mardi 23 mars 2021 de 10h à 13h

  • Militantisme légal et désobéissance

– Détournements, désobéissances, radicalités : épreuves de forces et de légitimitésFrancis Chateauraynaud (Sociologue, EHESS)
– L’exemple des « décrocheurs »Marie-Angèle Hermitte (DR CNRS-EHESS)

  • Tribunaux alternatifs : quels objectifs et quelles règles du jeu ? Intérêts, limites, pistes d’amélioration

– L’exemple du Tribunal permanent des peuplesGus Massiah (ancien secrétaire général de la LIDLP (Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples)
– La (non-)place de la défense dans les tribunaux alternatifsJean Matringe (Professeur de droit)
– L’exemple du Tribunal MonsantoArnaud Apoteker (Justice Pesticides, Sciences Citoyennes)


Session 3 : Protéger l’action militante
Mardi 30 mars 2021 de 10h à 13h

  • Vandemecum pour l’action militante

– La (sur)judiciarisation du maintien de l’ordreSarah Massoud (Secrétaire nationale, Syndicat de la magistrature)
– La mise en place d’observatoires pour défendre la liberté de manifestation – Nathalie Tehio (avocate, membre du bureau national de la LDH et référente des observatoires des pratiques policières)
– Défendre les droits humains : une activité à hauts risques – Katia Roux (Chargée de plaidoyer Libertés à Amnesty International France)

  • Procès-bâillon : comment faire face ? 

– Les leçons pratiques tirées du cas BolloréLaura Bourgeois (Chargée de contentieux et de plaidoyer à Sherpa)
– La démocratie environnementale impossible sur le nucléaire ?Laura Monnier (Greenpeace)
– La mobilisation contre les procès-bâillons au niveau européenJulie Majerczak (Représentante de RSF auprès de l’UE)


Session 4 : Le droit comme mode d’action
Jeudi 8 avril 2021 de 14h à 17h

  • Le recours au juge dans les luttes militantes

– Défendre la cause des étrangers en justiceDanièle Lochak (GISTI)
– Défendre la cause des détenus en justiceNicolas Ferran (OIP)

  • L’action de groupe

– La procédure de plainte collective contre les traitements illicites de données personnellesArthur Messaud (Quadrature du net)
– L’action de groupe entre technique juridique et politique du droitMichele Spanò (Philosophe et juriste, EHESS)
– L’observatoire des actions de groupeMaria José Azar-Baud (Maître de conférences en droit privé. Fondatrice de l’Observatoire des Actions de groupe et autres formes d’action collective)

  • Quel outils pour l’action juridictionnelle ?

– Le soutien des legal teams dans les mobilisationsClaire Dujardin (Avocate, Syndicat des avocats de France)
– Des avocats commis d’office au développement du Pro bono dans les entreprises à missionMarie-Angèle Hermitte (DR CNRS-EHESS)

Atelier « La place du droit dans les mobilisations »

Date : Vendredi, janvier 29, 2021 – 16:00 UTC
Durée : 120 min
Résumé : L’interaction entre le droit et l’action militante est ambivalente. Des « procès-bâillons » à la systématisation de la répression des militants et militantes, le droit s’impose parfois comme un outil offensif permettant d’affaiblir et de bâillonner l’action militante. Pourtant, tribunaux, recours au juge et poursuites collectives sont parfois des armes puissantes nourrissant le répertoire d’action de la lutte militante. Alors que nos sociétés sont traversées par des questionnements, débats, mouvements et conflits dans lesquels les sciences et/ou les techniques ont un rôle à jouer, la place du droit dans les mobilisations est à comprendre à l’intersection entre Sciences, Sociétés et Démocratie.Cet atelier est le résultat d’une investigation collective menée par Sciences Citoyennes, Global Chance, Aitec et l’IPAM, qui explore les enjeux et la place du droit dans les mobilisations dans le but de travailler à la circulation des pratiques, au partage des initiatives et et à la co-création. Du renforcement de la législation environnementale et des droits de la nature, à la mise en place d’instances juridiques alternatives comme le Tribunal Monsanto, diverses sont les expériences qui manifestent la capacité de l’action militante à se réapproprier les outils juridiques pour renforcer sa lutte.

Entre espace de partage et de débats, cet atelier sera animé par différentes interventions explorant ce qu’il y a à gagner ou à perdre sur le terrain juridique et consacre un temps important à l’échange et à la discussion.

Langue(s) de l’activité : Français

Lancement du groupe Intercoll « Sciences et Démocratie »

Le choc de la pandémie et du climat a accentué les ébranlements de la crise financière et politique de 2008 qui s’était traduite par une évolution austéritaire, combinant austérité et autoritarisme, du néolibéralisme. Les contradictions économiques et financières, sociales, écologiques, démocratiques, idéologiques et géopolitiques atteignent un niveau inconnu historiquement.

À des questions mondiales, le climat, la pandémie, les migrations, les guerres, la production, les réponses ont été nationales et étatiques. Le système mondial a révélé sa perte de résilience et de résistance. Les réseaux internationaux et continentaux de mouvements ont cherché à répondre à cette situation et se sont renouvelés. Intercoll a pris sa part dans ces recompositions et dans le renforcement des mobilisations internationales altermondialistes.

Le collectif Sciences-Sociétés-Démocratie profitera de l’événement que constitue le Forum Social Mondial virtuel 2021 pour lancer un groupe Intercoll « Sciences et Démocratie ».